Comme je vous l’annonçais précédemment, TF1 a diffusé hier au 20h un sujet particulièrement malsain sur la Gamers Assembly. Une suite intéressante à l’affaire est donnée par le site Esportsfrance, qui a réalisé une interview de la psychologue interrogée dans le reportage. Le résultat est ahurissant – même si l’on pouvait s’en douter !
Extraits (l’interview complète est disponible ici) :
Esportsfrance : Quel est le type de joueurs que vous avez rencontré ici, à la Gamers-Assembly ? Cela correspond-il à ce qu’on voit dans le reportage ?
Vanessa Lalo : Par rapport au reportage, pas du tout, je pense qu’ils n’ont absolument pas été fidèles à ce qui pouvait se passer, ils ont pris les images qui les arrangeaient… Un des joueurs avec qui j’étais s’est fait piéger par rapport aux questions, et un autre, tout ce qu’il a dit c’était tout simplement qu’il n’y avait pas d’addiction par rapport au jeu. Ils ont tout de même pris les 5 secondes où il parlait du fait qu’il avait une fois joué jusqu’à l’épuisement et ils n’ont gardé que celles-là. Ce n’était pas du tout représentatif, ils n’ont pas du tout respecté l’objectivité et la neutralité qui auraient dû être les leurs.
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Esportsfrance : Donc au final, pas de cas pathologique ?
Vanessa Lalo : [...] Pour l’instant tout va bien, je trouve plutôt que c’est sympa qu’il y ait un gros rassemblement comme ça, que ce soit un peu médiatisé, malheureusement pas forcément dans le bon sens… C’est bien qu’on laisse la possibilité à des gens de pouvoir se retrouver tous ensemble et de pratiquer leur loisir comme n’importe quel loisir. Quand le dimanche les gens passent leur journée dans leur jardin ou à bricoler, on ne va pas leur mettre une étiquette d’addict, donc jusqu’à maintenant je ne vois pas pourquoi je collerais une étiquette d’addict aux joueurs qui s’amusent tout simplement entre eux, qui sont là pour passer un bon moment.
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Esportsfrance : Revenons au reportage avec TF1 donc : avez-vous l’impression d’avoir été piégée ? Les journalistes vous ont-ils fait croire qu’ils voulaient réaliser un reportage objectif ?
Vanessa Lalo : Ils se sont présentés en me disant « Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour questionner, on n’a aucun a priori… », et je leur ai dit « Ce qui est très important pour moi, ce qui doit apparaître, c’est qu’à l’heure d’aujourd’hui l’addiction au jeu vidéo n’a pas été prouvée, aucune recherche n’a pu le prouver, et il ne faut pas parler d’addiction à tort. Après, faites le montage que vous voulez, mais je ne veux pas que ça apparaisse comme ça ».
Au final, ce qui est apparu, c’est le seul moment où ils m’ont forcée en quelque sorte à répondre à la question « Est-ce qu’on pourrait parler d’addiction ? », et là j’ai répondu ce que je devais répondre, c’est-à-dire qu’on peut peut-être parler d’addiction, selon certains critères psychiatriques. Mais si on dit ça, ça devient compliqué, parce que quand on parle d’addiction sur un joueur, c’est susceptible d’être repris et généralisé à tous les autres joueurs. On arriverait alors à quelque chose de très compliqué au niveau des médias avec beaucoup d’enjeux politiques et sociétaux.
Esportsfrance : Pourquoi un tel acharnement des médias sur les joueurs de jeux vidéo ?
Vanessa Lalo : Je pense qu’il s’agit plus d’une méconnaissance de la part de journalistes qui font partie d’une génération qui n’a pas connu les jeux vidéo. Les nouvelles technologies inquiètent et il faudra du temps pour que les mentalités évoluent. Les jeux vidéo sont un phénomène que les médias comprennent mal, et ils semblent préférer ranger dans la case addiction des comportements qui leur semblent abusifs, comme si ça réglait le « problème ». Je pense que ça les rassure d’avoir un semblant d’explication, mais en employant à tort ce type d’expression scientifique, de plus en plus de parents ou d’adultes sont paniqués face aux comportements des plus jeunes. Nous sommes plus dans une « hypocondrie médiatique » que dans une volonté de compréhension de fonctionnements plus profonds.